Le Purgatoire des Innocents - Karine Giebel




J'ai eu envie de lire le Purgatoire des Innocents après avoir vu l'avis qu'a donné Ariane sur cet article. N'ayant pas lu de thriller depuis un paquet de temps, je me suis dit que je pourrais me lancer. Ce livre est à double tranchant : soit on le trouve horriblement macabre et malsain et on l'adore, soit on le trouve horriblement macabre et malsain et on le déteste. J'avoue encore hésiter à dire de quelle côté je me situe ...

La couverture est très sobre, presque un peu trop. Toute l'histoire se déroule à un seul et même endroit, que j'aurais bien aimé voir ici. Le résumé est intriguant. Que va-t-on avoir ? Un huit-clos ? Deux personnages qui vont se rencontrer ? Il m'a donné envie.

Les personnages sont presque tous plus infâmes les uns que les autres. On découvre tout d'abord le groupe des braqueurs : Fred, Christel, et les frangins Raphaël et William. Ils sont tous dérangeants, ce sont des criminels, ils le savent, et ils ne reculeront devant rien. Typiquement le genre de personnages que je n'aime pas dans les livres. Mais ils ont un petit côté humain qui fait qu'on ne les déteste pas complètement. Raphaël veut sauver son frère d'une morte certaine, Christel est amoureuse de Fred, même si elle ne lui montre pas suffisamment ... Jessica est une gamine forte et courageuse, peut-être même un peu trop téméraire. Sandra, quant à elle, semble presque faible à côté d'eux, bien qu'elle tente de se rebeller, sans succès. Au bout de quelques pages, on sent qu'elle cache quelque chose, qu'il y a quelque chose dans sa personnalité qui nous échappe. Un manque volontaire de la part de l'auteur ? Non. Bien au contraire ... Son mari Patrick est encore plus mystérieux. Il est presque amusé de la situation dans laquelle il se retrouve, et est étonnamment calme, comme s'il savait ce qui allait se passer par la suite. Il est très intelligent. Et c'est lui qui bouscule l'intrigue. Le roman peut s'articuler en deux parties : si la première nous montre les personnages tels je viens de vous les décrire, la deuxième nous en montre une autre facette. Sandra a tenté de sauver sa peau, elle y est arrivé à moitié. Et après l'arrivée de son mari, elle est encore plus sombre et mystérieuse, et plus vide, aussi. Patrick tire les ficelles, s'amuse avec ceux qui le menaçaient avant. Il joue avec eux, il est terriblement pervers, prend du plaisir à torturer les gens. Raphaël et William se révèlent véritablement : ils sont braqueurs de banque, certes, mais ils sont également humains. Et pour sauver quelqu'un, ils vont tout tenter ...

Le scénario s'articule selon moi en trois parties : la première partie, où Raphaël mène la danse, la seconde où Patrick prend les commandes, et la dernière, où Sandra redevient quelqu'un. La première partie est un peu longue mais nous tient en haleine. Par rapport au reste du livre, elle est très lite. On y découvre les principaux personnages, et on a également une intrigue secondaire qui se met en place, avec des évènements qui ne se déroulent pas au même endroit que l'histoire principale. Après un très gros retournement de situation et le mélange des deux intrigues, on plonge véritablement dans l'horreur. Tout bascule. La torture, l'horreur, la haine ... Cette partie est la plus longue du livre. La plus atroce, aussi. On se prend à espérer que les personnages meurent pour leur éviter de souffrir. Mais leur mort ne vient pas. Tout se déroule lentement, jour après jour, torture après torture. On voit arriver la dernière partie, le moment où tout va se terminer. Et on angoisse. Qui survivra, qui aura le temps, qui vaincra ? Si le livre entier est macabre et malsain, la fin est d'autant plus triste que certains personnages finissent tragiquement. Le scénario, s'il est un peu prévisible, reste bien ficelé, intéressant et horrible.

L'écriture de Karine Giebel ne m'a pas vraiment plu. Si son scénario est addictif, son style l'est moins. J'ai trouvé beaucoup de phrases courtes, un peu trop, même. Des phrases comme ça. Sans rien autour. Juste là. Ecrites à la suite les unes des autres. Quelques unes, ça va. Mais des fois, c'est trop. C'est dommage car cela ajoute de la vitesse au récit. Certes, le livre entier est une sorte de course contre la montre, mais j'ai la désagréable sensation que ces phrases ne sont pas mises au bon endroit. Cela m'a gêné plusieurs fois. Pour le reste, c'est plus écrit, fluide et simple. Karine Giebel prend le temps de planter son décor, de présenter les personnages. Cependant, j'aurais aimé une véritable plongé au fin fond de l'esprit de Sandra. Selon moi, il manque un petit quelque chose à la fin, quelques explications qui nous feraient véritablement comprendre pourquoi elle est devenue comme ça. Tout au long du livre, on assiste à des atrocités, j'aurais aimé qu'on continue jusqu'au bout. Au cas où vous ne l'auriez pas compris, mon côté psychopathe s'est réveillé en lisant ce livre ...

Le Purgatoire des Innocents est un livre terriblement fascinant qui tient en haleine, qui nous donnerait presque des envie de meurtre. C'est un livre poignant et bouleversant, triste par certains moments, révoltant par d'autres. L'ai-je aimé ? L'ai-je détesté ? Je ne sais pas ... Et ne saurais sans doute jamais. En tout cas, je le conseille.

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